une princesse amoureuse de son maître(2)

Voici la suite du texte précédent Apollonius rapporte les tablettes au roi.
  1. L'idéal masculin : Apollonius est assez différent, semble-t-il du héros moderne : il rougit comme une jeune fille, et n'ose pas dire qu'il est aimé de la fille du roi. On peut chercher la signification d'un idéal aussi délicat : l'influence orientale ? La grande jeunesse d'Apollonius ? Sa condition de serviteur ? Etudier aussi l'image du père, qui est, quant à elle, étonnamment moderne, et à contre-courant des idées antiques. Sans doute faut-il y voir l'influence de la doctrine chrétienne. Le mot deus apparaît justement dans le même passage.
  2. vraissemblance : Le roi sait théoriquement qu'Apollonius est naufragé. Comment se fait-il qu'il soit ainsi imperméable à la vérité ? On peut dire la même chose d'Apollonius, qui malgré sa fréquentation quotidienne de la princesse, n'a pas perçu ses sentiments. Le verbe sensit (sensit se a regina amari) le montre bien. On peut l'expliquer par le fossé qui sépare serviteurs et nobles, mais il est intéressant aussi d'envisager que l'auteur a sacrifié la vraissemblance à la narration : le schéma narratif devient beaucoup plus marqué avec cette découverte théâtrale.
  3. Les répétitions narratives : Relever toutes les répétitions. On s'aperçoit que l'auteur ne se soucie pas du tout d'employer des substituts nominaux. Chaque personnage (rex, Apollonius, juvenes) est nommé par le même nom autant de fois qu'il le faut. Même remarque pour les verbes tollere, accipere, ait, respicere, qui ne subissent aucune variation lexicale. Quel est l'effet obtenu ? On peut aussi étudier les marqueurs temporels : on n'a guère que et.
  4. Les prétendants : Commenter le choix du nom Ardalio. Cf. l'épigramme de Martial (II, 7) Apprécier la rivalité des prétendants et la manière dont elle est rendue.

21. Après avoir lu les tablettes, le roi, ne sachant qui elle appelait « le naufragé », se tournant vers les trois jeunes gens qui avaient écrit leurs noms, et même fixé sur les tablettes le montant de la dot, leur dit : « Lequel d'entre vous a fait naufrage ?» L'un d'entre eux, qui s'appelait Ardalion, dit : « Moi ». Un autre dit « Tais-toi, tu es tombé malade et tu ne vas pas bien, car je sais que tu as le même âge que moi, que tu as fait tes études avec moi, et que tu n'as jamais passé la porte de la ville ! Où donc as-tu fait naufrage ?» Et comme le roi ne trouvait pas lequel d'entre eux avait fait naufrage, se tournant vers Apollonius, il lui dit : « Prends, maître Apollonius, ces tablettes, et lis-les. Peut-être comprendras-tu ce que je n'ai pas trouvé, toi qui étais présent. » Apollonius prit les tablettes et lut, et, lorsqu'il s'aperçut qu'il était aimé de la reine [la princesse], rougit. Et le roi, lui tenant la main, s'éloigna un petit peu des jeunes gens et dit : « Qu'y a-t-il, maître Apollonius, tu as trouvé le naufragé ?» Apollonius dit : «Bon roi, si tu permets, j'ai trouvé. » Et sur ces mots, le roi, voyant son visage devenu tout rose, comprit ce qu'il avait dit, et dit d'un ton joyeux : « Ce que ma fille veut, c'est aussi ce que je veux. Car rien dans ce genre d'affaire ne peut être fait sans Dieu. » Et se tournant vers les trois jeunes gens, il dit : « Je vous avais bien dit, que vous ne m'interpelliez pas au bon moment. Allez, et quand ce sera le moment, je vous enverrai chercher. » Et il les renvoya.