un miracle de la médecine

          

Pistes d'étude :

  1. Funérailles : Leur importance dans l'antiquité. On peut citer des exemples grecs, comme celui des Sept contre Thèbes.
  2. Les lieux : récapitulation : On peut suivre les voyages du héros sur une carte de la méditerranée : Tyr, Antioche, Cyrène, et mainteant Ephèse. Qu'est-ce qui rapproche tous ces lieux ?
  3. La malédiction : Etudier la cohérence entre le service demandé et la menace prononcée par la tablette.
  4. La rapidité de la narration : comparer l'enchaînement temporel du récit et celui d'un roman moderne : de tels sauts sont invraissemblables dans un récit moderne. Il faut au moins passer au chapitre suivant, ou clairement énoncer combien de temps s'écoule entre deux actions.
  5. La médecine antique : le maître et ses disciples : vivent souvent ensemble. On a un peu le même tableau que chez Martial, V, 9.
  6. La médecine antique : ses théories : Rechercher ce qui paraît aujourd'hui médicalement impossible dans cette narration. La circulation du sang fut démontrée très tard, et les théories sur le sang sont alors très éloignées de la vérité. Une recherche plus poussée permettrait peut-être de désigner plus précisément ce que sont ces quattuor partes dont parle le jeune médecin.
  7. L'émotion presque amoureuse ménagée par l'auteur, qui insiste sur la jeunesse du médecin, et détaille ses efforts pour ranimer la princesse. Procédés et raison ?

Traduction brute :

(26) Pleurant les larmes les plus amères, il fit mettre le cercueil sur la mer. Deux jours plus tard, les flots rejetèrent le cercueil : il aborda au rivage d'Ephèse, non loin de la propriété d'un médecin qui ce jour là, se promenant le long du rivage avec ses élèves, vit le cercueil déposé par les flots qui s'étaient retirés, et dit à ses serviteurs : « Prenez ce cercueil et portez le à la maison avec tout le soin possible ! »
Lorsque les serviteurs l'eurent fait, le médecin s'empressa d'ouvrir [le cercueil], vit la jeune fille ornée des ornements royaux, merveilleusement belle et gisant dans une fausse mort, et dit : « Que de larmes cette jeune fille a dû causer à ses parents ! » Et voyant soudain de l'argent placé près de sa tête, et dessous des tablettes écrites, il dit : «  Essayons de savoir ce que désire ou demande la douleur. »
Il ouvrit les tablettes, et y lut ceci : « Quiconque aura trouvé ce cercueil et les vingt sesterces d'or qu'il contient, je demande qu'il garde dix sesterces pour lui, et qu'il en dépense dix pour les funérailles. Car ce corps nous a laissé bien des larmes et les douleurs les plus amères. S'il fait autrement que ne le demande notre douleur, qu'il devienne le dernier des siens, et qu'il n'y ait personne qui donne une sépulture à son corps. »
Losqu'il eut lu les tablettes, il dit à ses serviteurs : « qu'on fasse pour ce corps ce que commande la douleur ! Car j'ai juré sur l'espoir de ma vie que je dépenserais pour ces funérailles plus que ne le demande la douleur. » Et disant cela, il fait aussitôt dresser le bûcher.
Mais tandis qu'on bâtit le bûcher avec soin et amour, survient un élève du médecin, jeune d'aspect, mais vieillard par l'intelligence. Lorsqu'il eut vu qu'on plaçait ce beau corps sur un bûcher, il regarda son maître et dit : « D'où viennent ces étranges funérailles ? » Son maître lui dit : « C'est bien que tu sois venu, car tu arrives au bon moment. Prends ce flacon de parfum, et verse-en le reste sur cette jeune fille défunte. »
Alors le jeune homme prit le flacon de parfum, s'approcha du lit de la jeune fille et écarta le vêtement de sa poitrine ; il versa le parfum et examine tous ses membres d'une main attentive, et il reste attentif au repos de son sein tranquile. Le jeune homme fut stupéfait lorsqu'il s'aperçut que la jeune fille était plongée dans une fausse mort. Il palpe les pouls, scrute l'haleine aux narines ; il éprouve [la souplesse de] ses lèvres avec ses propres lèvres ; il sent que la vie de celle qui respire faiblement lute avec la perfide mort, et dit : « Placez des réchauds aux quatre parties. » Lorsque ce fut fait, il tente de ranimer les mains engourdies par le feu qui a été allumé au-dessous, et ce sang, qui avait été coagulé, se liquéfie grâce à l'effet du parfum.