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Cicéron et les esclaves

       Cette fin de lettre est l'occasion de rechercher quelle place prenaient les esclaves dans les pensées de leurs maîtres, et aussi quel statut ils avaient dans la société. Tâche difficile : comment se mettre à la place de Cicéron, pour qui l'achat et l'usage quotidien des esclaves était parfaitement naturels ?

Pistes d'étude

  1. L'esclavage : se documenter L'esclavage est fort ancien à Rome, mais s'est développé grâce à la permanence de l'état de guerre, et aussi à l'abondance de la piraterie. L'esclave est aussi bien un manœuvre qu'il suffit de nourrir, qu'un spécialiste qu'on achète très cher et que l'on entretient avec soin. Le droit Romain examine tous les cas de figure afin de bien délimiter la frontière entre liberté et esclavage : naissance, mariage, affranchissement, succession. L'esclave n'est pas nécessairement fataliste et habitué à sa condition. L'histoire romaine a connu trois grandes révoltes d'esclaves.
  2. Les mots de l'esclavage : Dans le texte, étudier le suffixe de servula, qui est plus qu'un diminutif. On retrouve le même facteur dépréciatif que dans graeculus ; puer est le jeune esclave, qu'on garde près de soi pour être servi, et sans doute aussi pour apprécier sa beauté ; servus reprend puer, en insistant plus sur la condition servile du jeune mort.
  3. Les esclaves : humains ou marchandise ?
  4. Les esclaves qu'on devine derrière les mots : Le travail de l'esclave est si évident qu'il en devient transparent. On a l'exemple de Cicéron qui s'excuse de n'avoir pas soigné l'écriture de sa dernière lettre, mais en fait beaucoup de celles qu'échangent Cicéron et Atticus n'étaient pas écrites de leur main. La dernière phrase du texte en est un exemple : écris tout ce qui te vient à la bouche : Atticus est en train de dicter sa lettre à un esclave, et les mots passent par sa voix. Scribito signifie en fait : fais écrire. Chez les Romains, l'écriture, comme la lecture, est rarement silencieuse.
Traduction
       Il est sûr que Pompée est très ami avec moi. Son divorce avec Mucia est vivement approuvé. Tu as appris je crois que Publius Clodius, le fils d'Appius, a été pris vêtu en femme dans la maison de Caius César, alors qu'on y faisait un sacrifice devant le peuple, et qu'il a été sauvé et conduit dehors grâce à l'aide d'une petite esclave. L'affaire provoque un scandale extraordinaire, et je suis persuadé que c'est pour toi une mauvaise nouvelle. Je n'ai rien d'autre à t'écrire, et suis mon dieu assez abattu en t'écrivant : mon lecteur, un charmant garçon, est mort et sa mort m'a ému plus que la mort d'un esclave ne semble devoir le faire. Je voudrais que tu m'écrives souvent. Si tu n'a rien à me dire, écris ce qui te vient à la bouche.
Le premier Janvier, sous le consulat de M. Messalla et de M. Pison.
Cicéron, Att., 1, 12, 3 et 4