un dialogue très latin

       Passage intéressant parce qu'il offre de nombreux aspect des habitudes et des mentalités latines.

Pistes d'étude
  1. Les thermes ne sont pas seulement un établissement de bains. On y pratique des sports et des jeux, comme la balle (pila). Elles ont des bibliothèques, et des jardins pour se reposer et s'y promener. La promenade entre gens instruits est un peu plus loin appelée ambulacrum. On pourra ici imaginer ce décor, et la manière dont il est présenté pour donner l'impression d'un moment agréable.
  2. La lecture Le passage dont il est questions est dans Salluste (Catilina, 11, 3). On pourra le rechercher et le commenter. La citation est parfaitement fidèle. La lecture, dans l'antiquité, est une activité collective. cf. ce passage de Pline. Dans une autre lettre, Pline le Jeune nous montre son oncle mécontent parce qu'un ami a fait reprendre inutilement un passage imparfaitement lu. Il serait intéressant d'imaginer l'état d'esprit du groupe lecteur-auditeurs : appréhension du lecteur ; écoute plus ou moins critique des auditeurs ; sentiment de partager une recherche intellectuelle ; recherche personnelle d'un commentaire que les auditeurs sont presque obligés de donner à chaque interruption... Imaginer aussi l'état d'esprit de l'auteur, qui sait que chacun de ses mots sera lu et commenté par de nombreux ambulacra.
    On est allé jusqu'à dire que la lecture silencieuse n'est apparue que tardivement, attestée par un passage de Saint-Augustin où il raconte avoir vu Saint Ambroise lire sans qu'on entende sa voix ni que ses lèvres bougent, d'où l'expression "lecture ambrosienne". Cette discussion passionnante mérite qu'on la suive.
  3. Image de la femme Insupportable de nos jours. La suite du passage est révélatrice de la pensée antique : le corps de l'homme a besoin d'exercice, et c'est ce qui le distingue de celui de la femme. Ainsi l'avare, uniquement préoccupé par l'argent, reste assis à l'ombre, absorbé par ses recherches (umbraticis et sellulariis quaestibus), et son corps devient semblable à celui de la femme. Le même principe est d'ailleurs applicable à l'esprit. Qu'en est-il exactement aujourd'hui ? Cette manière de penser a-t-elle laissé des traces ?
  4. La narration Relever les éléments caractéristiques de la narration : ablatif absolu ; cum + subjonctif ; citations balisées par inquit et inquam.
Essai de traduction :
LIVRE TROISIEME

       I - OU ON DEMANDE POUR QUELLE RAISON SALLUSTE A DIT QUE L'AVARICE EFFEMINE NON SEULEMENT L'ESPRIT DE L'HOMME, MAIS AUSSI SON CORPS, ET OU ON TRAITE CETTE QUESTION.

       L'hiver s'éloignait déjà. Près des thermes de Titus, dans une cour, à la chaleur du soleil, nous marchions avec le philosophe Favorinus, et tout en marchant, nous écoutions la lecture du Catilina de Salluste, aperçu dans la main d'un ami, à qui il avait demandé de lire. Dans ce livre, on venait justement de lire ces mots :
        « L'avarice a la passion de l'argent, qu'aucun sage ne désira jamais ; une fois qu'elle s'est répandue comme les poisons malfaisants, elle effémine le corps et l'esprit, elle est toujours infinie et insatiable, et n'est diminuée ni par l'abondance ni par la pénurie. » Alors Favorinus me regarda. «Pour quelle raison, dit-il, l'avarice effémine-t-elle le corps de l'homme ? Qu'il ait dit qu'un esprit viril est efféminé par elle, il me semble que c'est acquis ; mais de quelle manière elle effémine aussi le corps de l'homme, je ne le vois pas encore.
        — Moi aussi, dis-je, je cherche pourquoi depuis longtemps, et si tu ne m'avais devancé, je te l'aurais spontanément demandé. »
Aulu-Gelle, NA, 3, 1