Paroles magiques

Ce texte n'est pas très difficile et amusera des élèves de quatrième, qui pourront le traduire sans trop de difficulté. Parmi les possibilités d'étude :
  1. Conjugaison : le futur, le futur antérieur, l'impératif au présent et au futur, et le subjonctif à valeur injonctive.
  2. les paroles magiques, intraduisibles, mais où l'on pourra chercher des éléments lexicaux : motas de moueo ; le préfixe dis dans dissunapiter, etc. Ces paroles sont chantées, et rappellent les uerba concepta qu'on devait chanter sans commettre une seule faute lors des cérémonies ou des serments. Enfin la poésie des sons avec leurs reprises de sonorités.
  3. On peut faire chercher dans cette accumulation qui paraît aujourd'hui surprenante, les éléments d'une pratique efficace : l'atelle. Les incantations elles-mêmes pouvaient avoir un rôle non négligeable, celui de rassurer le patient, qui, lui aussi, croyait en la magie.
  4. Lorsque j'étudie ce texte avec mes élèves, je raconte que dans les années 70, en Corrèze, une voisine âgée m'a affirmé avoir vu dans sa jeunesse une vieille femme qui chantait des incantations pour guérir les vaches qui avaient mangé trop de luzerne fraîche. Le remède était paraît-il très efficace.
  5. On peut pour finir faire un rapide résumé de l'histoire de la médecine. Les médecins grecs, qui avaient une réelle valeur, puique la méthode expérimentale de Claude Bernard, père de la médecine moderne, est basée, comme la leur, sur l'observation.
        Luxum si quod est, hac cantione sanum fiet. harundinem prende tibi uiridem p. IIII aut quinque longam, mediam diffinde, et duo homines teneant ad coxendices.
Si l'on a une luxation, cette incantation la gérira : prenez un roseau vert de quatre ou cinq pieds de long, fendez-le par le milieu, et que deux hommes les tiennent contre leur hanche.

incipe cantare : 'motas uaeta daries dardares astataries dissunapiter' usque dum coeant.
Commencez à chanter : "motas uaeta daries dardares astataries dissunapiter".

ferrum insuper iactato. ubi coierint et altera alteram tetigerint, id manu prehende et dextera sinistra praecide ; ad luxum aut ad fracturam alliga : sanum fiet. et tamen cotidie cantato et luxato uel hoc modo : 'huat haut haut istasis tarsis ardannabou dannaustra'
Agitez une épée par dessus. Lorque les roseaux se rencontreront et se toucheront l'un l'autre, prenez-le avec la main droite, et coupez-le avec la gauche ; liez-le à la luxation ou à la fracture, et elle guérira. Et si tu veux, tu chantera chaque jour quand-même au blessé de cette manière : "huat haut haut istasis tarsis ardannabou dannaustra".

Caton, De Agri Cultura, 160, 1.