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SÉQUENCE IV : LAUSUS ET MÉZENCE

V. Le compagnon des batailles




               Simul hoc dicens, attollit in aegrum
       se femur, et quamquam vis alto vulnere tardat,
       haud deiectus*, equum duci iubet : hoc* decus illi,
       hoc solamen erat, bellis hoc victor abibat
       omnibus. Alloquitur maerentem et talibus infit :
       "Rhaebe, diu, res si qua diu mortalibus ulla est,
       viximus : aut hodie victor spolia illa cruenta
       et caput Aeneae referes Lausique dolorum
       ultor eris mecum, aut, aperit si nullam viam vis,
       occumbes pariter, neque enim, fortissime, credo,
       iussa aliena pati et dominos dignabere Teucros."

VIRGILE, Enéide, 10, 856-866

*haud deiectus : sans se laisser abattre
*hoc : désigne le cheval de Mézence (attraction du S. au cas de l'attribut.

abeo, is, ire, ii, itum : s'éloigner, partir
aeger, gra, grum : malade
aeneus, a, um : d'airain, de bronze
alienus, a, um : d'autrui
alloquor, eros, i, allocutus sum : adresser la parole à
altum, i, n. : haute mer, le large
altus, a, um : haut, profond, grand (métaph.)
aperio, is, ire, ui, apertum : ouvrir
attollo, is, ere : élever, hausser
aut, conj. : ou, ou bien
bellum, i, n. : la guerre
bellus, a, um : joli, mignon
caput, itis, n. :la tête
credo, is, ere, didi, ditum : croire, prêter
cruentus, a, um : sanglant, sanguinaire
decus, oris, n. : la gloire, l'honneur
deicio, is, ere, ieci, iectum : abattre, abaisser, chasser
dico, is, ere, dixi, dictum : dire, appeler
dignor, aris, ari : trouver digne, daigner
diu, adv. : longtemps
dolor, oris, m. : la douleur
dolus, i, m. : l'adresse, la ruse
dominus, i, m. : le maître
duco, is, ere, duxi, ductum : conduire, -uxorem se marier
dux, ducis, m. : chef, guide
enim, inv. : car, en effet
equus, i, m. : le cheval
erus, i, m. : (ou herus) maître (d'un esclave)
et, conj. : et, aussi
femur, oris, n. : la cuisse, le fémur, la jambe
fortissime, adv. : très courageusement
haud, inv. : vraiment pas, pas du tout
hic, haec, hoc : ce, cette, celui-ci, celle-ci
hodie, adv. : aujourd'hui
ille, illa, illud : ce, cette
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
infit, inv. : verbe défectif : il commence
iubeo, es, ere, iussi, iussum : ordonner
iussum, i, n. : l'ordre
Lausus, i, m. : Lausus (fils de Mézence)
maereo, es, ere : s'affliger
mecum, conj.+pron. : avec moi
mortalis, e : mortel
neque, inv : = et non
nullus, a, um : aucun
occumbo, is, ere, cubui, cubitum : atteindre (en tombant),
rencontrer, trouver (+ D.)
omnis, e : tout
pariter, inv. : également
patior, eris, i, passus sum : supporter, souffrir, être victime
de, être agressé par
quamquam, quanquam + ind. : bien que
qui, quae, quod, pr. rel : qui, que, quoi, dont, lequel..., après
si, nisi, ne, num = aliqui
quis, quae, quid : qui ? quoi ?, après si, nisi, ne num =
aliquis = quelqu'un
refero, fers, ferre, tuli, latum : porter en retour, rapporter
res, rei, f. : la chose
Rhaebus, i, m. : Rhébus (nom du cheval de Mézence)
se, pron. réfl. : se, soi
si, conj. : si
simul, inv. : adv. en même temps, conj : dès que
solamen, inis, n. : la consolation
spolium, i, n. : la dépouille, le butin
sum, es, esse, fui : être
talis, e : tel ; ... qualis : tel.. que
tardo, as, are : ralentir
Teucri, orum, m. : les Troyens
uia, ae, f. : la route, le chemin, le voyage
uictor, oris, m. : le vainqueur
uis, -, f. : la force
uiuo, is, ere, uixi, uictum : vivre
ullus, a, um : un seul ; remplace nullus dans une tournure
négative
ultor, oris, m. :le vengeur
uolo, uis, uelle : vouloir
uulnero, as, are : blesser
uulnus, eris, n. : la blessure.

Commentaire :

       Aussitôt, Mézence se lève; Virgile précise qu'il se redresse en s'appuyant sur sa cuisse blessée, ce qui est surprenant, car dans une telle situation, on prend appui sur le membre valide. Ne peut-on y voir la volonté de Mézence de vaincre la douleur et se prouver à lui-même que la blessure ne lui cause qu'une gêne supportable? Ou ne s'impose-t-il pas une douleur physique comme substitut à la douleur morale ? Ou encore ne serait-ce pas une forme d'auto-punition ?


       Mézence s'adresse alors à son cheval : son entrée en matière est une affirmation de la futilité de la vie humaine.


       Mézence envisage alors une alternative : revenir vainqueur d'Enée après avoir vengé Lausus ou mourir. Il va de soi, étant donné ce qui précède et ce qui va suivre, que le premier membre de l'alternative est sans consistance.