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EXEMPLE 10 : 6, 5


        Histrio in terra Graecia fuit fama celebri, qui gestus et vocis claritudine et venustate ceteris antistabat. Nomen fuisse aiunt Polum; tragoedias poetarum nobilium scite atque asservate actitavit. Is Polus unice amatum filium morte amisit. Eum luctum quoniam satis visus est eluxisse, rediit ad quaestum artis. In eo tempore Athenis "Electram" Sophoclis acturus, gestare urnam quasi cum Oresti ossibus debebat. Ita compositum fabulae argumentum est, ut veluti fratris reliquias ferens Electra comploret commisereaturque interitum eius existimatum. Igitur Polus, lugubri habitu Electrae indutus, ossa atque urnam e sepulchro tulit filii et, quasi Oresti amplexus, opplevit omnia, non simulacris neque imitamentis, sed luctu atque lamentis


actito, as, are : plaider, jouer
ad, inv. : vers, à, près de
ago, is, ere, egi, actum : faire, traiter
aio, is, - : affirmer
amitto, is, ere, misi, missum : perdre
amo, as, are : aimer, être amoureux
amplector, eris, i, amplexus sum : embrasser, prendre
antisto, as, are, stiti, - surpasser (alicui aliqua)
argumentum, i, n. : argument, sujet
ars, artis, f. : art
asseruate, adv. : avec passion
Athenae, arum, f. : Athènes
atque, inv. : et, et aussi (= ac)
celeber, bris, bre : fréquenté, répandu, célèbre
ceteri, ae, a : pl. tous les autres
claritudo, inis, f. : la clarté, l'éclat
commisereor, eris, eri, itus sum : déplorer
comploro, as, are : pleurer, se lamenter
compono, is, ere, posui, positum : mettre ensemble, disposer
cum, inv. : conj., comme ; prép, avec
debeo, es, ere, ui, itum : devoir
dolor, oris, m. : douleur
e, prép. : (+abl) hors de, de
Electra, ae, f. : Electre
elugeo, es, ere, eluxi : être en deuil, pleurer
eo, is, ire, iui, itum : aller
et, conj. : et, aussi
existimo, as, are : estimer
fabula, ae, f. : mythe, fable, pièce (de théâtre), histoire
fama, ae, f. : nouvelle, rumeur, réputation
fero, fers, ferre, tuli, latum : porter, supporter, rapporter
filius, ii, m. : fils
frater, tris, m. : frère
gero, is, ere, gessi, gestum : faire, mener
gesto, as, are : porter çà et là, porter
gestus, us, m. : l'attirude du corps, la mimique
Graecia, ae, f. : Grèce
habitus, us, m. : manière d'être, apparence
histrio, onis, m. : le comédien
igitur, inv. : donc
imitamentum, i, n. : l'imitation, la copie
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
induo, is, ere, dui, dutum : revêtir, couvrir
interitus, us, m. : la mort
is, ea, id : ce, cette
ita, inv. : ainsi ; ita... ut, ainsi que
itaque, c'est pourquoi, aussi
lamenta, orum, pl. n. : lamentations, gémissements
luctus, us, m. : chagrin, lamentation, deuil
lugubris, e : de deuil
mors, mortis, f. : mort
neque, inv : = et non
nobilis, e : connu, noble
nomen, inis, n. : nom
non, neg. : ne...pas
omnis, e : tout
oppleo, es, ere eui, etum : remplir entièrement
Orestes, is, m. : Oreste (on peut avoir i au génitif)
os, ossis, n. : l'os
poeta, ae, m. : poète
Polus, i, m. : Polus
quaestus, us, m. : la recherche, le gain, le profit
quasi, inv. : presque, comme si
qui, quae, quod : qui ; interr. quel ? lequel ?
qui, quae, quod, pr. rel : qui, que, quoi, dont, lequel...
quoniam, conj. : puisque
redeo, is, ire, ii, itum : revenir
reliquia, ae, f. : toujours au pl. : reliquiae, arum : les restes
satis, inv. : assez, suffisamment
scio, is, ire, sciui, scitum : savoir
scite, adv. : habilement, artistement
sed, conj. : mais
sepulcrum, i, n. : tombeau
simulacrum, i, n. : figure, représentation
Sophocles, is, m. : Sophocle
spiro, as, are : souffler, être inspiré, bouillonner
sum, es, esse, fui : être
tempus, oris, n. : temps
terra, ae, f. : terre
tragoedia, ae, f. : tragédie
ueluti, adv. : comme, comme si
uenustas, atis, f. : beauté (physique), élégance, charme,
agrément, joie
uerus, a, um : vrai
uideo, es, ere, uidi, uisum : voir
uiso, is, ere, uisi, uisum : voir, visiter
unice, adv. : d'une manière unique, tout particulièrement
unicus, a, um : unique
uox, uocis, f. : voix, parole, mot
urna, ae, f. : urne
ut, conj. : pour que, que, comme.

        Il y eut autrefois en Grèce un comédien qui surclassait tous les autres par l'éclat de sa voix et la perfection de sa gestuelle. Il s'appelait, dit-on, Polus; il interprétait les tragédies classiques avec un art consommé et la passion requise. Il perdit un fils qu'il adorait. Quand il lui sembla que son deuil était passé, il revint à son art. Il était engagé à ce moment pour jouer l'Electre de Sophocle; il devait porter l'urne qui, selon l'intrigue, contenait les cendres d'Oreste. En effet, dans la pièce, Electre qui croit porter les restes de son frère, se lamente et gémit sur sa mort supposée. Polus, revêtu de l'habit de deuil d'Electre, tira du tombeau les cendres et l'urne de son fils, et comme s'il s'agissait de celles d'Oreste, remplit tout l'espace non de plaintes feintes et simulées, mais de lamentations vraiment ressenties. Alors qu'apparemment, c'était du théâtre, c'était une vraie douleur qui était exhibée.
EVALUATION DE LA DIFFICULTÉ

Nb. de mots : 114
Nb. de phr. : 9

AMÉNAGEMENTS

l. 1 : Histrio in terra Graecia Histrio Polus in Graecia
l. 2 : supprimer Nomen fuisse aiunt Polum
l. 3 : supprimer eum luctum
l. 3 : quoniam cum
l. 5 - 6 : Ita compositum fabulae argumentum est, ut veluti fratris reliquias ferens Electra
comploret commisereaturque Ita compositum fabulae argumentum est : veluti fratris reliquias ferens
Electra complorat commisereturque
l. 6 : interitum eius existimatum mortem eius existimatam

EVALUATION DÉFINITIVE

Nb. de mots : 107
Nb. de phr. : 8



THÉÂTRE ET VÉRITÉ





Remarques

Dans le théâtre grec, tous les rôles étaient tenus par des hommes.
L'Electre de Sophocle est une pièce célèbre qui nous est parvenue (voir texte complémentaire)
.

        Histrio Polus in Graecia fuit fama celebri, qui gestus et vocis claritudine et venustate ceteris antistabat. Tragoedias poetarum nobilium scite atque asservate actitavit. Is Polus unice amatum filium morte amisit. Cum satis visus est eluxisse, rediit ad quaestum artis. In eo tempore Athenis Electram Sophoclis acturus, gestare urnam quasi cum Oresti ossibus debebat. Ita compositum fabulae argumentum est : veluti fratris reliquias ferens Electra complorat commisereturque mortem eius existimatam. Igitur Polus, lugubri habitu Electrae indutus, ossa atque urnam e sepulchro tulit filii et, quasi Oresti amplexus, opplevit omnia, non simulacris neque imitamentis, sed luctu atque lamentis veris et spirantibus. Itaque cum agi fabula videretur, dolor actus est.
Texte complémentaire

Voici l'extrait d'Electre auquel il est fait allusion dans le texte :

        O dernier souvenir du plus aimé des hommes, de celui que, de son vivant, on appelait Oreste. Je te tiens là aujourd'hui dans mes bras réduit à rien, alors que tu étais parti de ce palais éclatant de santé! Ah! pourquoi n'ai-je pas quitté la vie moi-même, au lieu de t'envoyer dans un autre pays, après t'avoir furtivement dérobé à la mort ? Aujourd'hui, loin de ta maison, exilé sur un sol étranger, tu es mort misérablement très loin de ta soeur; et je n'ai pu, infortunée, te laver, te parer de mes mains aimantes, ni tirer du feu, selon la coutume, le triste fardeau que j'ai là. Tu n'auras donc, pauvre ami, reçu de soins que de mains étrangères, et tu reviens à nous, minuscule amas de cendres dans une urne minuscule! Ils n'auront servi à rien, tous ces soins dont ta pauvre soeur t'entourait constamment au prix de si douces fatigues! Jamais tu n'as été aussi cher à ta mère que tu le fus à moi. Et maintenant, toi mort, tout s'effondre en un seul jour pour moi. Tu disparais, en emportant tout comme un grand coup de vent. Le sort te renvoie à moi sous cette forme : au lieu de tes traits chéris, de la cendre et une ombre vaine! Ah! pitié! Ah! triste cadavre! hélas! hélas! Ah! pitié! comme avec cet affreux retour, tu m'auras tuée, frère bien-aimé! A toi donc de me recevoir dans ce tombeau où tu reposes. J'habiterai avec toi sous cette terre désormais. Je ne vois pas les morts, eux, s'affliger de rien.

Considérations pédagogiques

1. Le titre

Le titre est pauvre en informations; le fait qu'il sera question de théâtre sera d'ailleurs confirmé par le premier mot du texte; le doute ne subsiste que sur le sens qu'il faut donner à vérité.
2. Le commentaire

        Le texte (surtout dans sa version aménagée) nécessite peu de connaissances syntaxiques; c'est pourquoi le texte devrait pouvoir être lu en 2e. Il faut cependant signaler que dans ce cas, le commentaire restera à la surface des problèmes. En effet, cette anecdote qui a sans doute retenu l'attention d'Aulu-Gelle par son caractère curieux et excessif, peut introduire la problématique de l'art du comédien. 3. Le texte complémentaire

        Il a paru intéressant de donner le passage d'Electre évoqué par Aulu-Gelle. On pourra ainsi juger sur pièce le bien-fondé de la transposition à laquelle s'est livré Polus.

        NB : La traduction de P. MAZON qui a été utilisée ici a fait l'objet de divers aménagements (coupures, simplifications).