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EXEMPLE 7 : 1, 26


        Plutarchus servo suo, nequam homini et contumaci, sed libris disputationibusque philosophiae aures imbutas habenti, tunicam detrahi ob nescio quod delictum, caedique eum loro iussit. Coeperat verberari; obloquebatur non meruisse, ut vapulet, nihil mali, nihil sceleris admisisse. Postremo vociferari inter vapulandum incipit, neque iam querimonias aut gemitus eiulatusque facere, sed verba seria et obiurgatoria : "Non ita esse Plutarchum, ut diceret; philosophum irasci turpe esse; saepe eum de malo irae edissertavisse; librum quoque peri aorgesias pulcherrimum conscripsisse; iis omnibus quae in eo libro scripta sint, nequaquam convenire, quod provolutus effususque in iram plurimis se plagis multaret." Tum Plutarchus lente et leniter : "Quid autem, inquit, verbero, nunc ego tibi irasci videor ? Ex vultune meo, an ex voce, an ex colore, an etiam ex verbis, correptum esse me ira intelligis? Mihi quidem neque oculi, opinor, truces sunt, neque os turbidum, neque immaniter clamo, neque in spumam ruboremve effervesco, neque pudenda dico aut paenitenda, neque omnino trepido ira et gestio. Haec enim omnia, si ignoras, signa esse irarum solent." Et simul ad eum, qui caedebat, conversus : "Interim, inquit, dum ego atque hic disputamus, hoc tu age."


ad, inv. : vers, à, près de
admitto, is, ere, misi, missum : admettre, laisser passer
ago, is, ere, egi, actum : faire, traiter
an, inv. : est-ce que, ou est-ce que ; an... an..., si... ou si
aorgesias, inv. : mot grec : la patience
atque, inv. : et, et aussi (= ac)
auris, is, f. : oreille
aut, conj. : ou, ou bien
autem, inv. : or, cependant, quant à -
caedes, is, f. : meurtre, massacre
caedo, is, ere, cecidi, caesum : abattre, tuer
clamo, as, are : crier
coepio, is, ere, coepi, coeptum : (plutôt avec rad. pf et supin)
: commencer
color, oris, m. : couleur, teint du visage, éclat (du style)
conscribo, is, ere, scripsi, scriptum : composer, rédiger
contumax, acis : opiniâtre, obstiné, fier, rétif
conuenio, is, ire, ueni, uentum : être l'objet d'un accord ; in
manum : venir sous la puissance de qqun ; rencontrer
conuerto, is, ere, uerti, uersum : tourner complètement
corripio, is, ere, ripui, reptum : saisir, s'emparer de
de, prép. + abl. : au sujet de, du haut de, de
delictum, i, n. : la faute, le délit
detraho, is, ere, traxi, tractum : tirer, enlever
dico, is, ere, dixi, dictum : dire, appeler
dico, as, are : dédier, consacrer, inaugurer
disputatio, ionis, f. : la discussion, la dissertation
disputo, as, are : raisonner, argumenter
dum, inv. : tant que
edisserto, as, are : exposer en détail, disserter
efferuesco, is, ere, efferbui : s'échauffer
effundo, is, ere, fudi, fusum : répandre, disperser
egeo, es, ere, egui : manquer de
ego, mei : je
eiulo, as, are : pousser des cris de douleur
enim, inv. : car, en effet
eo, is, ire, iui, itum : aller
et, conj. : et, aussi
etiam, inv. : même
ex, prép. : (+abl) hors de, de
facio, is, ere, feci, factum : faire
gemitus, us, m. : gémissement, plainte
gestio, is, ire, ii ou iui : exulter, avoir des transports de joie, ou
d'un autre sentiment
habeo, es, ere, bui, bitum : avoir, considérer comme
hic, adv. : ici
hic, haec, hoc : ce, cette, celui-ci, celle-ci
homo, minis, m. : homme, humain
iam, inv. : déjà, à l'instant
ignoro, as, are : ignorer
imbuo, is, ere, bui, butum : abreuver, imbiber, imprégner
immaniter, adv. : horrible, terrible
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
incipio, is, ere, cepi, ceptum : commencer
inquit, vb. inv. : dit-il, dit-elle
intelligo, is, ere, egi, ectum : comprendre
inter, prép : (acc) parmi, entre
interim, inv. : pendant ce temps, entretemps
ira, ae, f. : colère
irascor, eris, i, iratus sum : se mettre en colère
is, ea, id : ce, cette
ita, inv. : ainsi ; ita... ut, ainsi que
iubeo, es, ere, iussi, iussum : ordonner
leniter, adv. : doucement
lente, adv. : lentement
lentus, a, um : souple, mou, apathique, indolent, impassible
liber, bri, m. : livre
libra, ae, f. : livre [poids], balance
lorum, i, n. : la courroie, la lanière, le fouet, le martinet
malo, mauis, malle, malui : préférer
malum, i, n. : pomme
malus, a, um : mauvais. comp. peior, sup. : pessimus (-umus)
mereo, es, ere, rui, ritum : mériter, gagner
meus, mea, meum : mon
multo, as, are : punir
nequam, inv. : vaurien, fripouille
nequaquam, adv. : nullement
neque, inv : = et non
nescio, is, ire, iui, itum : ignorer
nihil, ou nil : rien
non, neg. : ne...pas
nunc, inv. : maintenant
ob, prép. + acc : à cause de
obiurgatorius, a, um : de reproche, de blâme
obloquor, eris, i, locutus sum : couper la parole, contredire
oculus, i, m. : oeil
omnino, adv. : complètement, tout-à-fait
omnis, e : tout
opinor, aris, ari, atus sum : penser
os, ossis, n. : os
os, oris, n. : bouche, rivage, visage
paeniteo, es, ere, ui : se repentir ; me paenitet + gén ou prop.
inf. je me repents de...
peri, prép. : mot grec : au sujet de
philosophia, ae, f. : philosophie
philosophus, i, m. : philosophe
plaga, ae, f. : le coup, la blessure
plurimi, ae, a : pl. superlatif de multi - très nombreux
Plutarchus, i, m. : Plutarque
postremo, inv. : enfin
postremus, a, um : dernier
prouoluo, is, ere, uolui, uolutum : rouler en avant
pudeo, es, ere, ui, itum : avoir honte ; surtout impers. : me
pudet + gén. : j'ai honte de...
pulcherrimus, a, um : très beau
querimonia, ae, f. : la plainte, la lamentation
qui, quae, quod : qui ; interr. quel ? lequel ?
qui, quae, quod, pr. rel : qui, que, quoi, dont, lequel...
quidem, inv. : certes (ne-) ne pas même
quis, quae, quid : qui ? quoi ?
quod, conj. : parce que
quoque, inv. : aussi
rubor, oris, m. : rougeur
saepe, inv. : souvent
scelus, eris, n. : crime
scribo, is, ere, scripsi, scriptum : écrire
se, pron. réfl. : se, soi
sed, conj. : mais
serius, a, um : sérieux
seruo, as, are : veiller sur, sauver
seruus, i, m. : esclave
si, conj. : si
signo, as, are : apposer son cachet, signer
signum, i, m : signe, enseigne, oeuvre d'art
simul, inv. : en même temps
sino, is, ere, siui, situm : permettre
soleo, es, ere, ui, itum : avoir l'habitude de
spuma, ae, f. : l'écume, la bave
sum, es, esse, fui : être
suus, a, um : son
trepidus, a, um : tremblant, frémissant
trux, trucis : farouche, sauvage
tu, tui : tu, te, toi
tum, adv. : alors
tunica, ae, f. : tunique
turbidus, a, um : troublé
turpe, inv. : honteusement
turpis, e : honteux
uapulo, as, are : être battu, recevoir des coups
uerbero, as, are : frapper
uerbum, i, n. : parole, mot
uideo, es, ere, uidi, uisum : voir
uociferor, aris, ari : pousser des grands cris, crier fort
uox, uocis, f. : voix, parole, mot
ut, conj. : pour que, que, comme
uultus, us, m. : regard.

L'esclave de Plutarque était une fripouille indisciplinée, mais il avait la tête pleine de lectures et de débats philosophiques. Un jour, son maître ordonna, pour je ne sais quelle faute, qu'on lui arrache sa tunique et qu'on le fouette. On commence à le frapper; l'esclave prétend qu'il n'a pas mérité sa raclée, qu'il n'a rien fait de mal, ni commis aucune faute. Bref, il se met à crier sous les coups, mais non pour faire entendre des plaintes, des gémissements ou des hurlements, mais des arguments et des reproches : " Plutarque ne met pas en accord ses actes et ses paroles; c'est une honte pour un philosophe de se mettre en colère; il n'a cessé de discourir sur le péché de colère; il a même écrit un livre remarquable sur la Patience; se laisser aller tout entier à la colère et le châtier à coup redoublés est en parfaite contradiction avec tout ce qui figure dans cet ouvrage." Alors, Plutarque, très posément et d'une voix douce, lui dit : " Qu'est-ce qui te porte à croire, sacripant, que je suis furieux contre toi ? Qu'est-ce qui te met dans l'idée que je suis submergé par la colère ? mes traits ? ma voix ? la couleur de mon visage ? ou encore mes paroles ? Mes yeux, je pense, ne lancent pas d'éclairs, mon visage n'est pas déformé, je ne pousse pas de cris sauvages, je n'écume pas, je ne suis pas tout rouge, je ne profère pas de paroles honteuses ou regrettables, je ne tremble pas de colère et je ne gesticule pas. Car, tout cela, au cas où tu l'ignorerais, constitue les signes habituels de la colère." Alors, se tournant vers le bourreau, il ajouta : " Pendant que lui et moi débattons de la question, continue ton boulot."

.première évaluation.

Niveau : les matières grammaticales nécessaires pour la compréhension du texte ne vont pas au-delà du programme de 2e année; cependant, la longueur du texte, des constructions particulières (quod : le fait que) et l'ampleur du lexique incitent à réserver la lecture pour la 3e année. On peut constater aussi une répartition très inégale de la difficulté : les lignes 1 - 3 et 7 - 8 (version aménagée) nécessitent une analyse poussée; par contre, les lignes 9 à 13 ne présentent guère de constructions difficiles (seul le lexique est abondant).


La compréhension du texte suivant nécessite une bonne connaissance de la proposition infinitive. Une revision de cette matière n'est sans doute pas inutile.
Sois particulièrement attentif à la première phrase : fais-en une analyse très précise. Par ailleurs, elle contient des informations indispensables pour la compréhension de TOUT le texte.

LA PHILOSOPHIE SOUS LE FOUET


        Plutarque (avant 50 - après 120) : écrivain grec, auteur de nombreux ouvrages historiques et moraux.


        Plutarchus servo suo, nequam homini et contumaci, sed libris disputationibusque philosophiae aures imbutas habenti, tunicam detrahi ob nescio quod delictum, caedique eum loro iussit. Coeperat verberari; obloquebatur non meruisse, ut vapulet, nihil mali, nihil sceleris admisisse. Postremo vociferari inter ictus incipit, neque iam querimonias aut gemitus eiulatusque facere, sed verba seria et obiurgatoria : "Non ita est Plutarchus, ut dicit; philosophum irasci turpe est; saepe de malo irae edissertavit; librum quoque de Patientia pulcherrimum conscripsit; iis omnibus quae in eo libro scripta sunt, nequaquam convenit, quod provolutus effususque in iram plurimis me plagis multat." Tum Plutarchus lente et leniter : "Quid autem, inquit, verbero, nunc ego tibi irasci videor ? Ex vultune meo, an ex voce, an ex colore, an etiam ex verbis, correptum esse me ira intelligis ? Mihi quidem neque oculi, opinor, truces sunt, neque os turbidum, neque immaniter clamo, neque in spumam ruboremve effervesco, neque pudenda dico aut paenitenda, neque omnino trepido ira et gestio. Haec enim omnia, si ignoras, signa esse irarum solent." Et simul ad eum, qui caedebat, conversus : "Interim, inquit, dum ego atque hic disputamus, hoc tu age."

.Considérations pédagogiques

1. La note d'introduction

        Le texte ne présente guère de difficultés syntaxiques. Seule, la proposition infinitive y apparaît avec une relative fréquence. L'élève est averti de l'importance de ce point de syntaxe. Son attention est également attirée sur la difficulté de la première phrase qui nécessitera sans doute le recours à une analyse précise pour délimiter le groupe servo ... habenti. C'est d'autant plus indispensable que cette première phrase contient tous les éléments nécessaires pour la compréhension de la suite : les deux (ou trois) personnages, le châtiment apparemment mérité et les prétentions de l'esclave à la philosophie.


2. La notice
        La personnalité du protagoniste importe peu (n'importe quel philosophe ferait l'affaire). La notice a pour but de répondre à une inévitable question "qui est-ce ?".


3. Le titre
        Le titre comporte deux renseignements importants : la philosophie et le châtiment. Ces deux éléments se rencontreront dès la première phrase.

EVALUATION DE LA DIFFICULTÉ

Nb. de mots : 185
Nb. de phr. : 12 (sont considérées comme phrases les propositions infinitives de non ita multaret.