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L'EPICURISME
Voir :

André BONNARD, Civilisation Grecque, D'Euripide à Alexandrie
Encyclopédie Encarta
Universalis


sa vie

- né à Samos, fils de colon (341)
- suit les cours d'un disciple de Démocrite (à Téos)
- après la mort d'Alexandre, en 323, Épicure vécut plusieurs années dans l'exil et dans la pauvreté
- malade toute sa vie (estomac et vessie)
- à 35 ans, il s'installe à Athènes
- en 306, il achète le "Jardin" (301 Zénon fonde le "Portique")
- il y enseigne jusqu'à sa mort.


son époque


- à Athènes, de 307 à 261, quarante-six années de guerre et d'émeutes.
- conséquences : misère, pauvreté des hommes libres, augmentation des esclaves.



réponse philosophique à cette débâcle:


1. Platon : sortir de la réalité
: une république idéale

2. Épicure : la réalité : le bonheur terrestre


sa philosophie :

1. : la physique : il reprend la théorie de Démocrite

en voici un résumé :

a) vie de Démocrite:

1. Démocrite fut le disciple de LEUCIPPE, fondateur de l'atomisme mais leurs deux doctrines se sont tellement fondues qu'on
n'arrive plus à les distinguer l'une de l'autre.

2. Démocrite a vécu toute sa vie à ABDÈRE : ce qui explique qu'il soit resté dans le cercle de la philosophie présocratique
et ne reflète pas les mouvements de l'époque notamment celle de SOCRATE dont il est le contemporain.

3. On dit que Démocrite aurait beaucoup voyagé et qu'il aurait été à Babylone, en Egypte, en Ethiopie et même jusqu'aux
Indes. Ceci expliquerait le caractère encyclopédique de son savoir.

4. Il a fondé une école à Abdère à laquelle il s'est consacré totalement, pour en faire un foyer de sciences multiples. Cette
école s'est occupée de la rédaction d'ENCYCLOPÉDIES et de travaux encyclopédiques. Leucippe a écrit un GRAND
SYSTÈME DU MONDE, Démocrite UN PETIT SYSTÈME DU MONDE.

5. Les influences subies par les atomistes sont les suivantes : Leucippe et Démocrite ont connu les ELEATES et leur
doctrine est en quelque sorte une réponse posée par ceux-ci.

b) doctrine de Démocrite

1. Le but est de concilier les phénomènes et les exigences de PARMÉNIDE (notion de l'ETRE).

2. La base de cette doctrine :
a) Il s admettent qu'il ne peut y avoir de pluralité ni de mouvement sans VIDE. Le VIDE est le NON-ETRE et rien de ce qui
est n'est non-être. Par conséquent l'ETRE comme ils le conçoivent est le PLEIN, le NON-ETRE est le VIDE.
Le NON-ETRE n'est donc pas réellement, mais est cependant le VIDE alors que pour PARMÉNIDE le non-être n'est même
pas le vide.

b) Ils conçoivent l'être comme formé de CORPUSCULES EXTRÊMEMENT PETITS, les ATOMES.


Ces corpuscules sont :

- extrêmement petits
- en nombre infinis
- tous de même nature
- différents par la grandeur, la forme extérieure, la
position et l'arrangement entre eux
- ils se meuvent dans le vide (car pour faire place au
mouvement, le vide est nécessaire)
- ils sont insécables (et cette théorie s'oppose à la théorie
de la divisibilité infinie de la matière), mais cependant
ils ont une masse. A partir de cela on peut tout
expliquer. Il suffit de supposer qu'il y a changement
dans le groupement des particules.
- les particules sont douées d'un mouvement incessant et
désordonné dont on ne dit pas la cause : peut-être
parlent-ils d'un tel mouvement seulement par analogie
avec le mouvement des poussières dans le rayon de
soleil.
- notion de DÉCLINAISON des atomes (CLINAMEN)


La morale d'Epicure : le plaisir, le bonheur


Il faut que l'homme soit heureux mais il a peur : il est malade


Première peur : la mort

Deuxième peur : les dieux

Troisième peur : la douleur




Il faut soigner ses maladies morales :


LA THÉRAPEUTIQUE DES CRAINTES




Pour Epicure, la poursuite du plaisir par une âme déséquilibrée ne produit pas le bonheur : elle doit préalablement être guérie
de ses perturbations. La philosophie se propose comme THÉRAPEUTIQUE pour guérir les phénomènes pathologiques de
l'âme.
C'est le QUADRUPLE REMÈDE (Tetrapharmakon) :

- Dieu n'est pas à craindre
- la mort n'est pas objet de suspicion
- le bien est d'acquisition aisée
- le danger faciles à supporter courageusement.


a) la crainte de la mort :

La mort apparaît comme la séparation du corps, qui demeure inerte et va se décomposer, et d'un "souffle" dont on se
demande où il est passé.
Épicure reprend la représentation ordinaire des Grecs : il distingue CORPS et AME, malgré leur constitution également
matérielle.
L'AME est composée d'atomes plus subtils. Il s'échappe en effet des mourants un léger souffle mêlé de chaleur.
L'âme est composée de quatre éléments : une sorte de feu, une sorte d'air, une sorte de souffle, et un quatrième sans nom
: c'est le principe de la sensibilité. La mort est la privation de sensations.
Cette suppression de sensibilité n'est-elle pas le plus grand mal ?
Épicure répond : quand nous sommes là, la mort n'est pas présente ; quand la mort est là, nous ne sommes plus. La mort
n'est rien par rapport à nous. Plus loin encore : Ce qui est dissous n'a pas de sensibilité, et ce qui n'a pas de sensibilité n'est
rien par rapport à nous.
Cet argument est celui de Socrate devant ses juges : ou bien la mort n'est rien, et n'a plus aucune sensibilité de quoi que
ce soit : ce n'est pas plus à craindre qu'un sommeil sans rêves. Cependant il admettait l'autre éventualité, celle d'une survie
qui ne saurait être que bienheureuse, pour qui a passé sa vie à philosopher.
Épicure va reprendre la première partie du dilemme. Il va montrer que le désir d'immortalité est un désir vide : mieux vaut
un bonheur limité mais présent et effectif, qu'une vaine aspiration qui nous détourne de cette vie.

b) la crainte de la douleur :


La séparation peut être douloureuse. Montaigne disait : A la vérité ce que nous disons craindre principalement en la mort,
c'est la douleur, son avant-coureuse coutumière. Cicéron disait aussi : la séparation même de l'âme et du corps ne se fait
pas sans douleur.
A cela Épicure répond : la douleur ne dure pas continuellement dans la chair ; mais son maximum est présent pendant un
temps très bref, et celle qui surpasse seulement le plaisir de la chair. Les maladies chroniques comportent pour la chair plus
de plaisir que de douleur. Il faut savoir qu'Epicure a souffert de maladies dont les crises aiguës, très violentes, des coliques
néphrétiques, étaient coupées de longues périodes de rémission : alors que le bien-portant ne prête pas attention au bonheur
de la santé, il a vécu avec acuité l'euphorie du convalescent qui se détend après la douleur. Toute souffrance physique est
négligeable. Car celle qui comporte une douleur intense occupe un temps bref ; et celle qu'endure longuement la chair
comporte une douleur faible. Cicéron dira : si gravis brevis, si longus levis. Sénèque dira aussi : levis est si ferre possum,
brevis est si ferre non possum.
A la limite la douleur insupportable fait mourir. Les grandes souffrances te font périr en peu de temps dira Marc-Aurèle


c) la crainte des dieux :


Épicure va montrer que l'élimination de la crainte des dieux rejette une fausse superstition, et a pour contrepartie la
purification de la piété envers les êtres supérieurs qui, par essence, ne sauraient nous faire du mal. Pour lui, ni maintenant,
ni jamais, ils ne se soucient de nous.

Il ne faut pas oublier le temps où a vécu Épicure :


- les croyances populaires s'effondrent
- culte des dieux éponymes (Athéna à Athènes)
- divinisation des rois
- invasion des religions à mystères (mysticisme et ascèse)
- conceptions astrothéologiques (dieu des philosophes)


Epicure va critiquer ces mythologies et conceptions pseudo-scientifiques pour arriver à la notion de divinités qui ne nous
menacent en rien.


Problème : Pourquoi pas l'athéisme ?


L'athéisme était déjà répandu à l'époque d'Épicure. Certains philosophes prétendaient que les dieux étaient nés de la peur
engendrée par des lois purement conventionnelles. On disait que les dieux étaient de grands hommes idéalisés en fonction
de leurs inventions techniques.

Épicure va à l'encontre


- de l'athéisme de son temps,
- des dieux du vulgaire,
- des dieux des philosophes et des savants.


Si un dieu obéissait aux prières des hommes, assez vite tous les hommes auraient péri : continuellement ils demandent
beaucoup de choses nuisibles les uns pour les autres.
L'impie n'est pas celui qui nie les dieux de la foule, mais celui qui applique aux dieux les opinions de la foule.
S'il y a dans le monde quelque dieu qui le régit, le gouverne, conserve le cours des astres, les changements de saisons,
veillant sur les vies et les besoins des hommes, assurément celui-là est embarrassé d'affaires préoccupantes et laborieuses
! Or nous plaçons la vie bienheureuse dans la tranquillité de l'esprit et l'absence de toutes charges.

Donc, pour Épicure les dieux existent et leur connaissance est évidente. Mais tout s'est fait peu à peu sans eux, et le
philosophe n'explique jamais comment eux-même ont été formés.
Selon l'anthropomorphisme de la religion hellénique, ils ont une analogie avec nous. Ils ont une vie sociale, ils
s'entretiennent en une langue rationnelle, donc apparentée au grec, et l'on distingue des dieux et des déesses. (réponse à
la théologie astrale).

Il se pose le problème de leur immortalité. Les Épicuriens sont ambigus sur cela. Ces dieux ne s'occupent pas de nous,
ils sont composés d'atomes beaucoup plus tenus. Ils nous sont inaccessibles et nous ne pouvons pas même souhaiter être
réellement aimés d'eux. Ils peuvent se passer de notre ferveur, si peut-être elle ne leur est pas indifférente. Mais l'homme,
lui, a besoin d'un appui sur autrui. La religion comme "lien" s'épanouit dans la communauté des amis du Jardin. Aux dieux
nous réservons la vénération, sans autre contrepartie qu'une extrême joie, "les plus grandes voluptés", dit même Cicéron.

LA MODULATION DES PLAISIRS


Epicure se base sur trois sortes de désirs :


a) les désirs naturels et nécessaires :


Il y en a trois :


- ne pas avoir faim
- ne pas avoir soif
- ne pas avoir froid.

Il est à remarquer que dans un pays "chaud" comme la Grèce, Epicure ne parle pas du désir de ne pas avoir chaud.


b) les désirs naturels et non nécessaires :


Ce sont des désirs qui ne causent pas de douleur si on ne les possède pas.


- désir d'une table somptueuse
- désirs de l'oreille (chant d'oiseau,...)
- désirs de la vue (une fleur, ...)
- désirs de l'odorat (les odeurs, ...)
- désirs des belles formes (esthétique)
- désirs sexuels


c) les désirs vides (vains) :


Ce sont les désirs de l'âme :


- désir de l'immortalité
- désir de la gloire
- désir de la puissance
- désir d'avoir plus (AVARITIA)
- la colère

.LE SOUVERAIN BIEN

Le plaisir est pour Epicure le souverain bien et la douleur est le souverain mal.
Le plaisir se définit par le rejet de toute douleur. Pour Epicure il n'y a pas d'état intermédiaire entre le plaisir et la douleur
: la suppression de celle-ci procure immédiatement la plénitude d'un plaisir ressenti comme affection positivement agréable.
La plaisir est cessation de la douleur, la douleur cessation du plaisir.
Cette notion d'évacuation de la douleur a été critiquée par les adversaires des épicuriens : le repos n'est pas le plaisir ; la
limite du plaisir épicurien est "l'état de cadavre". Epicure serait alors un contempteur des voluptés.


Il y a, pour Epicure, 2 sortes de plaisirs :


- LES PLAISIRS EN REPOS : ce sont les plaisirs parfaits : ils peuvent être agrémentés par certaines DOUCEURS
(blandimenta).


- LES PLAISIRS EN MOUVEMENT : ce sont les plaisirs des HEDONISTES (orgies, débauches, ...).
On ne sait pas exactement si les plaisirs en repos (stables) sont uniquement les plaisirs du corps, les plaisirs du corps et de
l'âme ou des plaisirs spécifiques (odorat, vue, ...).
Pour Epicure, les plaisirs mobiles et les plaisirs stables ne s'opposent pas par leur nature : ce ne sont pas deux sortes
foncièrement différentes de jouissance ; mais le premier, plus superficiel, flatte et caresse davantage la sensibilité ; le second
suffit profondément à l'être dont tous les désirs naturels et nécessaires sont comblés.

LA MORALE DU PLAISIR


apprendre à vivre dans le maximum de bonheur. Mais l'homme ne sait pas vivre sans arrêt dans un plaisir stable. Le
problème se pose alors d'une économie des plaisirs.
Et puisque c'est le bien premier et lié à la nature, pour cette raison aussi nous ne choisirons pas tout plaisir ; mais il arrive
que nous passions par-dessus beaucoup de plaisirs, quand un plus grand nombre d'inconvénients s'ensuivrait pour nous.


Nous jugeons préférables à certains plaisirs beaucoup de douleurs, quand un plaisir plus grand s'ensuit pour nous, si nous
supportons longtemps ces douleurs.


LES VERTUS :

le courage et l'amitié

Voir le texte sur la lettre à Métrodore et les lettres d'Epicure à ses amis.
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